Professeur au lycée hôtelier Yvon-Bourges de Dinard depuis 2015, c’est en musicien passionné que Matthieu Jubin s’est régulièrement illustré sur la scène du Festival International de Musique. En mars dernier, lors du concert-dégustation, ce pianiste discret a conquis le public avec la même sincérité qui habite son enseignement quotidien.
©Ville de Dinard
Matthieu Jubin mène une double vie. Enseignant en BTS et en Seconde le jour, il devient musicien dès que le silence s’installe, derrière son piano qu’il apprivoise depuis l’adolescence. Né dans une famille éloignée du monde musical, il découvre l’instrument à 17 ans. Seul, il apprend les bases et progresse avec ténacité. « J’ai joué durant des heures sur un piano droit offert par mes parents », confie-t-il. Son oreille s’éduque à force d’écoute, ses doigts se délient à force de passion. Admis tardivement au CRR de Rennes, il y décroche un premier prix. « Tout s’est joué sur des rencontres et des coups de chance. »
En 2003, Kun Woo Paik sélectionne Matthieu Jubin pour son conservatoire des Jeunes Talents. Quelques années plus tard, en 2022, le Festival International de Musique de Dinard lui décerne le prix public des pianistes amateurs grâce à son interprétation de Jean Cras. Peu à peu, son répertoire des compositeurs armoricains s’étoffe, jusqu’à la sortie d’un disque En pays breton en mars 2024, produit par le label HDLG de Didier Squiban et diffusé par Coop Breizh.
« À Dinard, la musique circule »
Dans sa classe au lycée hôtelier, la musique a aussi sa place. Le professeur de Lettres a commencé à mettre en place des projets artistiques tels que des collaborations avec l’Orchestre de Bretagne. « Les étudiants sont même venus au concert de mars, sourie-t-il. Sur scène, mon élève Juliette tournait les pages et Melissa a déclamé un poème. » Ce jour-là, il interprétait son répertoire de prédilection au côté de la clarinettiste Rozenn Le Trionnaire. Rhené Bâton, Louis Vuillemin, Kristen Nogues, mais aussi quelques pièces de Paul Ladmirault et le traditionnel Silvestrig. Il avoue une tendresse particulière pour l’Iroise, de Didier Squiban.
Son souvenir le plus marquant à Dinard ? Le vent de fraîcheur et de renouveau qui soufflait en 2024, lors de la 35e édition du festival. « Il y avait une poésie dans l’air », se souvient-il. « À Dinard, la musique circule, elle est accessible. Il y a une vraie place pour les artistes, même amateurs ».
À ceux qui hésitent à concilier une carrière artistique avec leur métier, Matthieu Jubin adresse ce conseil : « La musique est une bulle dans mon quotidien, mais enseigner me structure. Les deux sont complémentaires. Il faut se lancer et travailler. » Lui-même s’impose deux heures de piano par jour sur son Bechstein de 1911.
Entre salles de classe et salles de concert, Matthieu Jubin trace sa voie avec sincérité, incarnant cet équilibre rare entre engagement professionnel et passion artistique.