Christian Stévanin : quand le vin épouse la musique

Christian Stévanin interview

Pour la seconde année consécutive, le maître sommelier Christian Stévanin participe au Festival International de Musique de Dinard. Jeudi 30 octobre, il accompagnera le violoncelliste Pierre Fontenelle pour un concert-dégustation au Palais des Arts et du Festival. Rencontre avec un passionné, mélomane et poète, qui fait dialoguer l’art du vin et celui de la musique.

Il parle du vin comme une symphonie, et de la musique comme un grand cru. Dans le regard de Christian Stévanin, maître sommelier et poète discret, se reflète une vie entière consacrée aux plaisirs sensibles : ceux de l’écoute, du goût, des mots. Arrivé à Dinard en 1990 comme professeur au lycée hôtelier, il n’a cessé de transmettre son enthousiasme. Chez ce passionné, le vin n’est pas un simple produit de table : c’est une matière vivante, un langage.

Et ce langage dialogue aujourd’hui tout naturellement avec celui de la musique. « Un vin authentique, à fortiori biologique et biodynamique, convoque nos sens comme une œuvre musicale. Il a une architecture, une tension, une vibration », explique-t-il. Aux côtés de Pierre Fontenelle, il a imaginé un programme où arômes et notes s’accordent, où la profondeur d’un violoncelle répond à la minéralité droite d’une ambre fossile, et où les bulles d’un champagne éclatent comme un allegro enjoué. Ensemble, les deux hommes de l’art ont associé les contours complexes, les arômes du vin et ses saveurs avec la musique dans toute sa diversité, dans le jeu et dans le son. Une approche qui prend tout son sens lorsque l’on écoute le maître sommelier : « L’un et l’autre s’épaulent pour nous donner une véritable joie intérieure et nous font vibrer. »

L’art d’accorder les émotions

Si son parcours de maître sommelier est remarquable, Christian Stévanin cultive depuis toujours une passion pour la musique et la poésie. Depuis l’adolescence, il noircit des carnets de poèmes et publie à travers une plateforme une trentaine de chansons et trois albums. La découverte grâce à son épouse de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvořák a bouleversé son univers, l’entraînant vers la musique classique avec la même ferveur qu’il mettait dans la chanson française et la pop music. Depuis, il ne cesse de passer de l’un à l’autre, entre poésie, guitare et grandes œuvres orchestrales. « Je suis très éclectique : autant dans le plaisir d’interpréter que d’écouter, confie-t-il. Et le Festival International de Musique de Dinard nourrit cette passion depuis longtemps ».

Comparer un festival à un vin ? Christian Stévanin ose la métaphore : Dinard serait un Haut-Brion, ce terroir bordelais mythique qui fit dire au chroniqueur londonien Samuel Pepys : « Je viens de déguster un vin à nul autre pareil. » Comme ce grand cru, le festival s’est imposé par son identité forte et son rayonnement international. « Sa classe, son extraordinaire ampleur, sa définition aromatique et gustative est un bon parallèle avec le festival de musique. »

Derrière ce jeu d’échos entre vin et musique se dessine le portrait d’un homme sensible, soucieux de laisser une trace. Poèmes, chansons, participation à un club de poésie à Dinard, souvenirs partagés avec ses petits-enfants : autant de manières de transmettre ce qui l’anime.
Avec ce concert-dégustation, Christian Stévanin et Pierre Fontenelle invitent le public à vivre une expérience rare : une alchimie où le vin et la musique, deux arts de l’éphémère, se conjuguent pour mieux faire vibrer l’instant.

Découvrez le dernier ouvrage de Christian Stévanin : Des mots pour prendre l’air, Bookelis, 144 p., 12 €.